Flygskam est une exposition photographique abordant la question du voyage contemplatif et sans avion à l'époque de la bucket-list et du vol low-cost. Elle s'est tenue Chez Edmond à Liège, du 30 janvier au 13 mars 2020.
Si vous n'avez pas eu l'occasion de la voir, en voici un aperçu, publié à l'origine sur Shot by Karl.
Un grand merci à Isa et Laurent de m'avoir invité à exposer dans mon espace de coworking préféré. Merci aussi à Pascal-Loup (l'Atelier Empreinte à Liège) pour son travail et ses tirages, impeccables comme à chaque fois. Et merci à celleux qui se sont déplacé•e•s pour vernir et dévernir cette expo autour de quelques verres.
J’ai commencé à voyager relativement tard. C’est quand j’ai rencontré Frédérique que j’ai pris la première fois l’avion. J’avais 25 ans et les choses se sont un peu emballées à partir de là. Dès que Fred avait des congés, nous sautions dans un vol pour aller voir là-bas si nous y étions.
Et puis en 2013, nous avons lancé un blog de voyage. Le hobby s’est professionnalisé. Les vols se sont multipliés. À l’instar des « touristes », nous cochions les cases d’une liste infinie. Bucket pour eux, to-do pour nous. Quelle différence au final ?
La facilité de prendre l’avion pour aller d’un point A à un point B a réduit le voyage à une question logistique, un déplacement. Dénué de sa dimension philosophique, ce n’est plus qu’un process de plus dans un monde optimisé, mécanique.
Check-in, duty free, contrôle sécurité, deuxième duty free, embarquement, décollage, quelques films et deux plateaux repas sous vide, atterrissage, contrôle, douane, énième duty free. Tout est pensé pour qu’il n’y ait aucun effort à fournir, aucun imprévu, on s’occupe de tout pour nous.
Le voyage s’inscrit dans ma routine. Seuls les « points B » comptent, je ne regarde plus le paysage qui s’étend des kilomètres en dessous de moi. Une certaine frustration naît sans qu’aucun mot ne puisse la traduire.
Fin 2018, dans le tumulte de nos remises en question, nous participons à notre première marche pour le climat. Le pavé tombe dans la marre de nos contradictions : nous avons presque tout changé mais la question de nos nombreux vols reste soigneusement évitée. En rentrant ce soir-là, nous prenons la décision de passer une année sans prendre l’avion. Quelques semaines plus tard, nous découvrons le nouveau mot à la mode : flygskam, la honte de prendre l’avion.
Au-delà du sentiment de honte que certains peuvent ressentir, je vois l’opportunité de renouer avec un voyage où chaque pas compte. Où l’on peut s’arrêter quand on veut, où on veut, et pour aussi longtemps que l’on veut. C’est un voyage que l’on construit soi-même et qui nous construit, un peu, en retour. Un voyage plus lent, plus contemplatif, à l’opposé des « top 10 » et autres courses aux meilleurs spots.
Un voyage sans destination, au cours duquel le temps n’est plus. Il n’y a qu’ici et maintenant.
Ces photographies sont publiées exclusivement dans le but d'illustrer mon travail. Tous les droits sont réservés.
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